Top de Nico : Kemet

Aujourd'hui, je vais vous parler d'un coup de mes coups de coeur de l'année dernière. Il s'agit d'un gros jeu de conquête : Kemet ! Ici, pas de négociations, pas de demi-mesure, il vous faudra écraser vos adversaires avec l'aide des principales divinités mythologiques égyptiennes et de leurs créatures.

Malgré l'excellente réputation de l'éditeur Matagot, il faut bien avouer que Kemet est sorti pour nous dans une certaine indifférence. Un graphisme bien moins plaisant qu'à l'accoutumé avec cet éditeur (Cyclades, Takenoko...) et le format du jeu expliquent probablement pourquoi nous ne l'avons pas investit immédiatement à sa sortie. Puis, pris dans le flot continuel des nouveautés, le jeu est resté sur nos étals pendant plusieurs mois, un peu à l'abandon.

Et puis, un jour, il m'a fait de la peine et j'ai franchi le pas. Sitôt la boite ramenée j'ai proposé une partie aux copains et les avis furent unanimes : ce jeu est excellent.

La Pierre de Rosette

Tel Champollion offrant au monde le sens des hiéroglyphes, je vais vous expliquer les grands principes du jeu (vous noterez la modestie de la comparaison). Le but du jeu est donc d'atteindre avant les autres les 8 (partie courte) ou 10 points de victoire nécessaires à la victoire. Pour cela, plusieurs moyens s'offrent à vous. Vous aurez la possibilité de marquer des points de victoire temporaires en contrôlant certaines zones du plateau (les temples) ou en élevant vos pyramides (symbolisées par des dés à 4 faces) au niveau 4. Pourquoi ces points sont temporaires ? Tout simplement parce que vos adversaires pourront vous les piquer ! Eh oui, c'est moche. Mais c'est la guerre ma bonne dame.

Fort heureusement, vous aurez également la possibilité de marquer des points de victoire permanents. Pour cela, plusieurs options : acheter certaines tuiles avec vos points de prière (j'y reviendrai) ou remporter un combat que vous aurez initié contre un adversaire. Voilà pour les points.

Voyons maintenant le déroulement du jeu. A votre tour, vous devez réaliser une action parmi celles encore disponibles sur votre petit plateau personnel représentant une pyramide. Chaque case ne peut être choisie qu'une seule fois par tour. Vous aurez ainsi la possibilité de prier pour récupérer des points de prière qui sont en quelque sorte la monnaie du jeu. Avec ses points de prière vous pourrez recruter des unités combattantes par exemple. Autre choix à votre disposition : déplacer vos unités sur le plateau pour aller contrôler des temples ou chercher des noises à vos adversaires.

Ceci dit, jusqu'à présent ça ne semble pas particulièrement passionnant ni subtil. La bonne idée vient de la possibilité pour chaque joueur d'acheter des tuiles pouvoirs. Certaines améliorent votre jeu, d'autres sont plutôt défensives ou offensives dans la gestion des combats. Quoi qu'il en soit elles sont toutes intéressantes et notamment les puissantes créatures mythologiques qui viendront grossir les rangs de vos armées (momie, phénix etc.). Pour pouvoir les récupérer, il vous faudra posséder des pyramides du niveau de la tuile que vous souhaiterez ajouter à votre jeu. C'est donc là une autre action à votre disposition, dépenser des points de prière pour améliorer vos pyramides et ainsi accéder aux pouvoirs qui vous permettront de remporter la partie.

C'est pas ma guerre colonel

Comme vous l'aurez compris, Kemet est donc un jeu dans lequel ça castagne sévère. Le simple fait de ne récompenser en point de victoire que le joueur qui initie un combat et jamais celui qui défend pousse les joueurs à entrer en conflit les uns avec les autres. De plus, si les pouvoirs sont importants, il ne pourront pas vous faire gagner sans combattre. Passez trop de temps à acheter tous les pouvoirs nécessaires selon vous à vous assurer la victoire et vos adversaires auront pris une avance décisive. Il faut, tout au long du jeu, mettre la pression aux autres, les intimider avec vos grosses armées et vos créatures mythologiques. Comme dans tous les jeux de ce type, Kemet intègre une part de diplomatie et d'intox assez plaisantes qu'il vous faudra prendre en considération. Autre point positif, la part de hasard est quasiment inexistante. En effet, chaque jour dispose d'un deck de cartes identique qu'il devra utiliser au bon moment lors de la résolution des combats. Pas de lancer de dés venant mettre à mal votre stratégie, non ! Il vous faudra lire dans les yeux perfides de votre adversaire la carte qu'il compte ajouter à la force de son armée pour espérer remporter le combat.

Si les parties peuvent être assez disputées et durer aux alentours de 2h, elles sont le plus souvent rapides et tendues. Le renouvellement du jeu vient du nombre de pouvoirs disponibles (près d'une cinquantaine) permettant de varier les stratégies d'une partie à l'autre. Elles sont également le seul frein à l'accessibilité du jeu puisqu'il faudra deux ou trois parties pour bien les maîtriser par coeur et pouvoir profiter pleinement de ce super jeu.

Kemet est un jeu que l'on attendait pas et qui a su nous surprendre. Il paraît même qu'une extension est dans les tuyaux, je tiens ça de quelqu'un qui sait de quoi il cause, n'est-ce pas Ramchouette ?

Kemet : un jeu de Guillaume Montiage et Jacques Barriot, édité par Matagot.
2 à 5 joueurs.

Ramchouette II